UTR-CFDT-85

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	Vendée

MUNICIPALES ET EUROPÉENNES

A quelques semaines des élections municipales, Didier Varboom démonte l'argumentaire que le Front National développe pour tenter d'imposer ses idées et attirer les catégories sociales les plus démunies y compris parmi les salariés.

L'immigration

La santé

La crise de l'endettement

Autres mesures économiques

Le problème des retraites

carte elec

Comment contrer la résistible ascension du Front National

(Première partie) (Aller à la seconde partie)

Pendant longtemps, l'attitude la plus communément répandue vis-à-vis du FN a été de le boycotter, en refusant de débattre avec ses représentants, en considérant que, par nature, il n'avait pas sa place dans l'échiquier politique. Au fil des années, cette attitude s'est avérée inefficace, voire même contre-productive. D'où le changement d'attitude résumée par la formule : « le FN pose de bonnes questions, mais il ne donne pas les bonnes réponses ». Là encore, cette attitude n'a pas eu les effets escomptés : les électeurs semblant n'avoir retenu que le côté « bonnes questions » et oublié le côté « mauvaises réponses ». Il nous faut donc envisager une troisième étape : répondre point par point, aux arguments du FN, quitte, en faisant cela, à intégrer ce parti dans le débat politique normal. Cette attitude nouvelle s'impose d'autant plus que le processus engagé par la Présidente du FN de « dé-diabolisation » est très largement avancé et que le FN s'efforce de se présenter, désormais, comme un véritable parti de gouvernement. De plus, elle développe un discours « social » qui n'est pas sans attirer les catégories sociales les plus démunies, y compris parmi les salarié(e)s. D'où l'objet de cet article, qui s'emploie à répondre aux principales propositions développées dans le programme du FN lors des dernières élections présidentielles de 2012 (accessible via http://www.frontnational.com/le-projet-de-marine-le-pen/).

Pour des raisons de place, cet article est scindé en deux parties, la première qui est principalement consacrée à l'immigration et à la santé. Dans la seconde partie, qui sera publiée dans le prochain numéro de « Infos-Retraités » seront abordées quelques unes des mesures économiques préconisées par le Front National : la sortie de l'euro comme réponse à la crise de l'endettement et le repli sur l’Hexagone pour relancer l'activité économique.

L'immigration

Ce qui suit est issu du diaporama présenté par Xavier Guillauma et Omar lors de l'AG des syndicats CFDT de Vendée, le 17/10/2013 : « Agir contre les discriminations et le populisme et lutter contre les idées reçues » :

IDÉE REÇUE N°1 : « La France ne peut pas accueillir toute la misère du monde »

Les périodes où la population immigrée a été proportionnellement la plus nombreuse correspondent aux recensements de 1931 où elle représentait 4,7 % de la population totale et de 1982 où cette proportion monte à 6,3 %. En 2008, cette proportion retombe à 4,8 %, soit un niveau à peine plus élevé qu'en 1931. Et personne ne peut dire que les circonstances économiques étaient plus favorables à l'intégration qu'aujourd'hui !

En 2008, sur 63,1 millions de personnes vivant en France : 59,5 millions sont français, dont 57,5 millions sont français de naissance, dont 2,0 millions, nés hors de France, qui ont acquis la nationalité française, et 3,6 millions sont étrangers, dont 3,1 millions sont nés hors de France, et 0,6 million est né en France.

IDÉE REÇUE N°2 : « Ils nous piquent notre boulot ! »

L'analyse détaillée des secteurs d'activités où travaillent le plus grand nombre de travailleurs immigrés montrent qu'il s'agit le plus souvent de travaux peu qualifiés, mal payés avec des contraintes horaires telles qu'il n'est pas sûr que ces emplois seraient tenus par des français de naissance. De plus, le taux de chômage des travailleurs immigrés (16,1 % en 2009) est sensiblement plus élevé que la moyenne nationale (9,2 % en 2009). Cette disparité est encore plus grande, si l'on ne considère que les travailleurs immigrés extra-européens (ne venant pas de l'Union Européenne) : 19,0 % en 2009, soit plus du double de la moyenne nationale !

IDÉE REÇUE N°3 : « Les immigrés vivent aux crochets de la société »

Prestations reçues, en milliards d'euros		Contributions versées, en milliards d'euros
Retraites	16,3	Cotisations sociales	26,4
Assurance maladie	11,5	TVA	18,4
Allocations familiales	6,7	CSG-RDS	6,2
Aide personnalisée au logement	2,5	Impôt sur le revenu	3,4
Revenu minimum d'insertion	1,7
Total	38,7	Total	54,4

D'où il ressort un excédent des Contributions versées par les travailleurs immigrés (et leurs familles) de 15,7 milliards d'euros sur les Prestations reçues.

IDÉE REÇUE N°4 : « Un syndicat, ça ne s’occupe pas de ça ! »

Article 2.1.8.2 de la résolution du Congrès confédéral CFDT de Tours de juin 2010 : « Une partie des salariés souffrent de préjugés et sont discriminés en raison de leur genre, âge, état de santé, handicap, origine supposée ou réelle, croyance, lieu d’habitation, identité ou orientation sexuelle. [...] La lutte contre les discriminations est une exigence de justice sociale dans laquelle la CFDT s’inscrit pleinement … ».

IDÉE REÇUE N°5 : « On ne peut rien y faire… »

Chacun d'entre nous doit être attentif à ne pas véhiculer des préjugés ou des stéréotypes, mais, au contraire, à les contrer en toute circonstance, partout où ils s'insinuent. En ce domaine, comme dans d'autres, il y a trois dangers qui nous guettent : la simplification, l'exagération et la généralisation. C'est donc à nous d'être assez vigilants pour ne pas tomber dans ces travers !

Santé

Le F.N. : lutte contre la fraude sociale, afin d'économiser 25,2 Mds d'euros en 5 ans. « suppression de l’AME (aide médicale de l’Etat) réservée aux migrants clandestins », chiffrée à 685 millions d'euros par an.

En réponse :

a) le montant de la fraude sociale est, par nature, très difficile à évaluer. Diverses évaluations aboutissent au chiffre global de 18,8 Mds d'euros en 2008.
La fraude sociale, c'est d'une part, bénéficier de prestations auxquelles on n'a pas droit et, d'autre part, ne pas payer les cotisations que l'on doit. Dans le premier cas, il s'agit principalement de particuliers et, dans le second cas, il s'agit principalement d'employeurs.
Dans les deux cas, la fraude doit être combattue.
S'agissant des particuliers, il faut, cependant, rapprocher le montant des prestations indues avec le montant des prestations réellement dues mais non versées, parce que non réclamées par les ayant-droits, ou par suite d'oublis ou d'erreurs des organismes de Sécurité sociale. Un livre collectif publié en 2012 par l'Odenore (Observatoire des non-recours aux droits et services), structure universitaire liée au CNRS et intitulé « L'envers de la fraude sociale » (aux éditions La Découverte) évalue, à 4 Mds d'euros (soit, seulement, 1 % de leur montant !), cette fraude, et, à 11 Mds d'euros le montant des allocations non versées, dont une grande part concerne le RSA). Étant observé, que dans le cas des prestations non versées, ces « économies » sont plutôt le symptôme de la fragilité des allocataires les plus démunis et de leur désinsertion sociale préjudiciable, d'abord aux personnes concernées, mais aussi, à terme, à l'ensemble du corps social.
S'agissant des employeurs, les cotisations non payées (travail non déclaré, retard ou absence de paiement à l'URSSAF) s'élèveraient, en 2008, entre 8,4 et 14,6 Mds d'euros, soit, en retenant le haut de la fourchette, plus probable, environ 4 % des cotisations collectées durant cette même année 2008. Ce qui veut dire que la fraude patronale est le quadruple de la fraude sur les prestations !
Il y a deux sortes d'injustices, l'une qui est de donner à celui qui n'en a pas besoin, et l'autre, plus grave, qui est de ne pas donner à celui qui en a besoin.
La cohésion sociale et les principes fondateurs de notre République nous obligent à verser des prestations dont nous savons que, quelles que soient les précautions prises, une petite partie sera détournée.

b) S’il est vrai que l'Aide médicale de l'État augmente très rapidement, les professionnels de santé considèrent qu'il est de l'intérêt bien compris de tous, que les étrangers, même insolvables, soient correctement soignés, pour ne pas exposer le reste de la population à des risques accrus de contagion et d'épidémies. Pour cette raison, la suppression de l'AME ne paraît vraiment pas souhaitable.

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